SE LIBÉRER, COMMENT? 

 

C’est le récit qui est libérateur, récit qui ressemble à celui d’un voyage aux enfers pour certains sujets. C’est la possibilité de faire comme Ulysse : visiter les Enfers pour y rencontrer ses objets perdus, non pour les ramener dans le monde des vivants, mais pour s’en détacher. Les femmes d’un seul homme dénient une perception douloureuse de la réalité pour préserver un lien imaginaire. Leur amour s’adresse à une version revue et corrigée correspondant à un fantasme inconscient de lien matriciel indestructible, fantasme qui finit par les détruire. Elles dénient la perte de l’autre et son désir, métamorphosé en besoin, est sans limite. Son lieu, c’est l’imaginaire.

Méfions-nous cependant de la tentation de plaquer des interprétations préfabriquées sur ces phénomènes de la vie amoureuse. La psychanalyse est une science du singulier, de la subjectivité qui passe par une démarche personnelle, intime avec une autre personne pour trouver ses propres réponses. Les histoires que je raconte, mes commentaires théoriques sont des voies à explorer pour affronter ces passions folles sans s’y abîmer. Il s’agit donc de «raconter et de se séparer»5 : raconter pour se séparer d’un lien fusionnel, raconter pour affronter la perte impossible de l’autre, raconter pour symboliser ses manques affectifs, raconter pour refaçonner son identité en tenant compte de cette perte non représentée dans son histoire et enfin raconter pour découvrir ses façons d’aimer et de désirer. Autrement dit, il s’agit de remplacer l’objet aimé/perdu par des mots, c’est-à-dire de le représenter, de le «métaphoriser» et d’en faire l’objet d’un récit. Ce qui est peut-être la voie la plus sûre pour le retrouver symboliquement!

http://revue.sexoanalyse.com/revue/numero2/article_grenier_fr.html

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